Reprendre du pouvoir localement : une nécessité pour les habitants des quartiers populaires et des territoires en difficulté

 

Dans de nombreuses villes et villages, le sentiment d’abandon et d’impuissance face aux décisions publiques grandit. Les citoyennes et citoyens doivent pouvoir reprendre le pouvoir sur leur destin collectif, redonner du sens au statut de lélu et réinventer une démocratie locale plus ambitieuse.

Si Paris cristallise souvent l’attention médiatique, les transformations les plus significatives émergent souvent ailleurs : dans les quartiers populaires qui se renferment et dans les territoires relégués où l’État s’efface peu à peu. De Poitiers à Rennes, en passant par Grenoble ou encore Marseille, des habitants s’organisent et réinventent des formes de participation et de gouvernance adaptées à leurs réalités. Face à une défiance poussée à son paroxysme, l’enjeu est de reconstruire des espaces démocratiques accessibles à toutes et tous.

Une fracture démocratique profonde

Dans les quartiers populaires, la fracture démocratique est profonde. Le sentiment de ne pas être écouté, la défiance envers les institutions et le manque de représentation politique entraînent un désengagement massif de la vie sociale. Voter ne suffit plus et, pour beaucoup, les instances de concertation locales restent des coquilles vides, déconnectées des besoins du quotidien.

Cependant, certains territoires montrent qu’un autre chemin est possible. En redonnant du pouvoir aux habitants et en expérimentant de nouvelles formes de décision collective, ils prouvent qu’une démocratie de proximité, vivante et égalitaire, peut émerger.

Des initiatives locales porteuses de changement

Partout, des initiatives encore embryonnaires se développent pour que les citoyens deviennent acteurs des politiques locales, et non plus de simples spectateurs :

  • Tirage au sort et assemblées populaires pour intégrer de nouveaux visages dans la décision publique, loin des cercles d’initiés.

  • Porte-à-porte et permanences itinérantes pour aller vers celles et ceux qui ne franchissent pas la porte des mairies ou des associations.

  • Co-construction des budgets locaux pour orienter les investissements en fonction des priorités réelles des habitants.

  • Commissions citoyennes sur des sujets cruciaux comme la sécurité, l’éducation, l’environnement ou l’économie locale.

Changer la place des élus et réinventer leur rôle

Dans cette démocratie réinventée, les maires et élus locaux ne seraient plus des figures lointaines qui décident à huis clos. Leur rôle évoluerait : ils deviendraient des facilitateurs, des médiateurs entre les habitants, les agents publics et les institutions.

Cela implique de :

  • Accepter de ne plus tout contrôler et d’ouvrir des espaces de décisions réellement partagés.

  • Créer des outils de transparence pour garantir que les engagements pris avec les citoyens sont tenus.

  • Encourager la mobilisation et l’auto-organisation des habitants plutôt que d’attendre qu’ils viennent solliciter les élus.

Cette transformation démocratique est au cœur des combats pour la justice sociale et environnementale. Dans les quartiers populaires, les décisions prises sans concertation aggravent souvent les inégalités : fermeture de services publics, manque d’équipements, absence de réponses aux urgences sociales et climatiques.

Reprendre du pouvoir : une urgence démocratique

Les habitants des quartiers populaires et des territoires en difficulté doivent se réapproprier les espaces de décision, car personne ne le fera à leur place. L’avenir des villes et des villages ne peut pas dépendre uniquement de décisions prises par quelques-uns.

L’heure est venue d’expérimenter, de créer et d’imaginer une démocratie où chacun et chacune a sa place, où le pouvoir n’est plus confisqué mais partagé, et où l’action collective remplace la résignation.

L’expérience de l’Assemblée des Citoyens du Futur (ACF) à Marseille en 2024

Face à cette fracture démocratique, Marseille a expérimenté en 2024 un dispositif inédit : l’Assemblée des Citoyens du Futur, une instance participative largement basée sur le tirage au sort, destinée à donner une voix à celles et ceux qu’on n’entend jamais.

Un modèle inspiré des nouvelles formes de démocratie participative

  • Un tirage au sort représentatif : 111 habitants de Marseille, issus de tous les quartiers.

  • Des thématiques issues des préoccupations locales : démocratie participative, éducation, environnement, etc.

  • Des propositions concrètes : création d’une plateforme de participation citoyenne et instigation de référendums municipaux.

Vers une généralisation de ces pratiques ?

L’Assemblée des Citoyens du Futur a démontré que les habitants, loin d’être désintéressés, ont une véritable expertise sur leur territoire et peuvent contribuer activement à la gestion municipale.

Parce qu’une démocratie qui ne repose que sur des élections épisodiques ne suffit plus, l’avenir réside dans une gouvernance partagée, où élus et citoyens œuvrent ensemble pour le bien commun.

L’engagement citoyen de l’association Sagiterre

L’association Sagiterre a vécu cette expérience de l’intérieur et continue d’accompagner les dynamiques d’engagement citoyen. Elle se positionne à l’intersection entre lien social et engagement politique, promouvant un modèle de « faire ensemble » pour une démocratie plus vivante et inclusive.

 

Pour le collectif citoyen de l’association Sagiterre
C.B