Une dynamique collective pour favoriser l’entrepreneuriat et l’économie locale
– 7 mars 2025 –
De l’expérimentation inter associative aux coopératives d’habitants : une dynamique collective pour favoriser l’entrepreneuriat et l’économie locale et faire émerger des potentialités économiques dans les quartiers populaires et les territoires ruraux.
Mars 2025
Une expertise et des enseignements issus du terrain
Grâce à son engagement dans les quartiers et territoires ruraux depuis plusieurs années, l’association Sagiterre a développé une approche d’ingénierie sociale, culturelle et économique favorisant l’entrepreneuriat collectif et le développement local. Ses expérimentations ont permis d’identifier des leviers stratégiques pour structurer et accompagner les initiatives locales.
Sagiterre a exploré ces approches à travers divers projets de terrain : la création en 2019 d’un tiers-lieu culturel en milieu rural, favorisant la participation citoyenne et la revitalisation locale (Remue-Ménage dans le Loir-et-Cher) ; l’accompagnement à la création en 2022, d’un tiers-lieu associant culture et agroalimentaire pour encourager l’innovation sociale et économique (La Traversée à Avignon) ; le pilotage en 2023/24, d’un projet territorial (Marseille 12ème) en collaboration avec les centres sociaux, les collectivités locales et les associations du territoire, visant à renforcer la coopération et l’innovation sociale dans le cadre de la réhabilitation urbaine.
L’association à travers ses membres, son réseau, a également initié et accompagnée des collectifs d’habitants relais (Marseille, Loir-et-Cher, Avignon), un projet de tiers-lieu éco positif à Tours et participé à un consortium dédié à l’insertion des publics jeunes éloignés de la formation et de l’emploi.
L’accompagnement et le soutien à la création d’une start up associative et solidaire à Marseille en 2024 (Popet’Art), autour des enjeux de médiation numérique et de création de contenus éducatifs libres, a de même été un élément fort de l’action récente de l’association.
Cette start up est encours d’évolution vers une forme SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif).
L’association collabore depuis plusieurs années avec divers organismes, université (AMU), musées de Marseille…, à la création d’outils de médiation culturelle, autour des enjeux de rapprochement des publics de la culture et des arts et de démocratisation.
Sagiterre est aussi un organisme de formation labellisé Qualiopi, qui conduit depuis 3 ans, des parcours sur mesure et des formations actions, adaptés aux réalités des territoires, par le moyen de formations visant à :
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- Renforcer les compétences en gestion et animation de coopérations.
- Former et accompagner dans tous les domaines, les centres sociaux, association socioculturels, centres culturels, tiers lieux.

Constats et enseignements tirés de nos pratiques et expériences dans les territoires :
Mobilisation des habitants et acteurs, entreprenariat
Les territoires foisonnent d’initiatives nécessitant un accompagnement structuré pour se concrétiser.
L’accès aux ressources, aux réseaux et à des dispositifs adaptés constitue un frein au développement des projets d’habitants.
Les fabriques de territoires, tiers lieux, collectifs d’habitants, centres sociaux…, offrent des espaces d’expérimentation et de coopération pouvant avoir un impact durable, mais la dimension économique, expérimentale et de formation orientée habitants et territoires, y est insuffisante ou inadaptée.
Dans les quartiers prioritaires, l’entrepreneuriat est à la fois un moteur de dynamisme économique et un véritable défi. Malgré le discours ambiant selon lequel « tout le monde peut entreprendre », les inégalités d’accès à la création et à la pérennisation d’une entreprise restent marquées. Les taux de fermeture d’entreprises à trois/cinq ans y sont plus élevés qu’ailleurs, en raison de nombreux freins : manque de ressources financières, de diplômes, de réseaux professionnels, de connaissances entrepreneuriales ou encore d’accessibilité aux dispositifs d’accompagnement.
Face à ces obstacles, les politiques publiques ont intégré le développement économique comme un axe clé dans la réforme de la politique de la ville. Parmi les initiatives mises en place, plusieurs structures, comme par ex., Lanceur A Business (LAB) porté par les Apprentis d’Auteuil, France Active et d’autres, œuvrent pour renforcer l’entrepreneuriat dans les quartiers.
Nous constatons tous les jours avec les acteurs de l’insertion et de la formation mobilisés sur le terrain, que tester, expérimenter et apprendre par la pratique sont des principes fondamentaux pour lever les freins à l’entrepreneuriat.
Pour avoir accompagné et participé à la création, d’associations, de fabriques de territoires, de tiers lieux, de SCOP (Société Coopérative de production) et SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif), nous avons constaté que le modèle coopératif peut être un outil hybride approprié pour engager une activité économique, se différenciant principalement du modèle associatif par la participation de tous ses membres à la gouvernance et par le partage éventuel des bénéfices.
Tout comme une association, ce modèle s’inscrit dans un fort sentiment d’appartenance à une communauté, de partage de valeurs communes, de travail collaboratif, pour atteindre des objectifs partagés, en vue de renforcement des liens sociaux.
Créer une entreprise coopérative gérée par les habitants, accompagnés par un/des professionnels permettrait de :
- Accompagner les coopérants dans leur parcours professionnel afin de leur permettre d’affiner leur projet personnel (emploi, formation, entrepreneuriat).
- Offrir un service accessible aux habitants du quartier, en proposant des tarifs réduits conditionné par les ressources.
- Favoriser l’approvisionnement local dans le cadre d’une activité de restauration/traiteur par ex, en collaborant avec les commerçants et producteurs du quartier, territoire.
Les associations et centres sociaux ont un rôle clé à jouer dans ces modèles de coopératives. Historiquement ancrés dans la vie locale, ils constituent des relais essentiels entre les habitants et les dispositifs d’accompagnement.
Leur intégration au sein de la coopérative d’habitants permettrait de :
- Identifier et mobiliser les talents locaux : les centres sociaux et associations sont en contact direct avec des habitants qui n’auraient pas spontanément envisagé l’entrepreneuriat. Leur rôle pourrait être de détecter ces potentiels et de les aider à franchir le pas.
- Proposer un accompagnement social et professionnel : bien au-delà du simple aspect entrepreneurial, ils peuvent apporter un suivi personnalisé en matière de formation, d’accès aux droits et d’insertion professionnelle.
- Créer des synergies avec d’autres initiatives locales : en intégrant une coopérative d’habitants, les associations favoriseraient la mise en réseau avec d’autres acteurs du quartier (structures d’insertion, établissements scolaires, clubs sportifs, etc.), ce qui renforcerait l’ancrage territorial du projet.
- Développer des services en lien avec les besoins du quartier : restauration solidaire, recyclerie, services à la personne…, les coopératives peuvent répondre à des besoins locaux tout en créant des opportunités d’emploi et de formation.
Le succès de ces coopératives doit reposer sur un large réseau de partenaires, incluant l’État, les collectivités locales (Région, Département, Métropole, Ville), la Caisse des Dépôts et Consignations, la Maison de l’Emploi, la Mission Locale, les centres sociaux…, ainsi que des entreprises et associations du quartier.
Cette coopération doit s’appuyer sur des ressources existantes et sur une vision partagée :
- L’entrepreneuriat collectif comme levier d’insertion : en favorisant l’entraide et le partage des compétences, ces projets donneraient un véritable pouvoir d’agir aux habitants.
- Une implication active des habitants : ils ne sont pas de simples bénéficiaires, mais bien des acteurs du projet, ce qui renforcerait leur engagement et la pérennité des initiatives.
- L’apprentissage par l’expérience : en testant grandeur nature une activité, les participants acquièrent des compétences concrètes et développent leur confiance en eux.
- Vers une intégration durable des quartiers dans l’économie locale
Pour renforcer le lien entre les quartiers et les dynamiques économiques régionales, il est essentiel de multiplier les espaces d’expérimentation qui démontrent un engagement concret et durable des entreprises. Il ne s’agit pas de considérer l’expérimentation comme une prise de risque, mais bien comme une opportunité de construire de nouvelles formes de coopération et de développement territorial.
- Vers une expérimentation des coopératives d’habitants dans les territoires
- Une gouvernance inclusive impliquant habitants, associations et acteurs locaux.
- Une adaptation aux spécificités territoriales pour répondre aux besoins locaux.
- Une mutualisation des ressources (espaces, financements, compétences) pour favoriser les synergies.
- Un cadre institutionnel favorable, en collaboration avec les collectivités.
- Une intégration durable des associations et centres sociaux dans une dimension globale
L’expérience de Sagiterre a démontré que l’implication des associations et centres sociaux constitue véritablement un facteur clé de réussite de la mobilisation des habitants.
Leur rôle est essentiel pour :

Renforcer l’ancrage territorial et mobiliser les habitants.
Identifier précisément les besoins locaux et concevoir des solutions adaptées.
Accompagner socialement et professionnellement les coopérants, en complément des aspects entrepreneuriaux.
Favoriser la pérennisation des projets en mettant en place des dispositifs d’appui et de financement durables.
Des perspectives réalistes : ancrer ces modèles dans les stratégies territoriales
L’enjeu est d’intégrer durablement ces modèles dans les stratégies territoriales. Les expérimentations ont démontré leur impact positif ; il s’agit maintenant de consolider ces initiatives et d’encourager leur essaimage pour construire des territoires coopératifs et inclusifs.
Cette approche doit être envisagée comme une opportunité de repenser les dynamiques économiques locales, et non comme une prise de risque.
SAGITERRE
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